Me voilà où je dois être.
Évidence aveuglante. Je ne peux être qu’ici et nulle part ailleurs. Il ne pouvait en être autrement.
Adieu les méditations exotiques de mon cinéma spirituel.
J’y suis, dans l’invraisemblable smashana du réel, sur les rives d’une salle de chimiothérapie entourée par les déités effrayantes, des effets secondaires et autres naufrages, égrenés par les prêtresses du lieu, pris d’assaut par mes fantômes, gémissants sur un bonheur passé qui n’a jamais existé.
Et, la déesse Kali, dans l’anonymat d’une infirmière, place en me souriant sa terrifiante offrande, les poches du ténébreux prasada frappé du sceau d’un groupe pharmaceutique, distillant dans mes veines le grand poison du barattage.
Me voilà entouré de tous ces Mahasiddhas inconnus, perdus dans leur jeu à vouloir se perdre, des yoginis du quotidien, effrayées par leur danse au bord du précipice, d’anges déchus, brillants comme ils n’ont jamais brillé des mille feux de leur peur, de leur vulnérabilité.
Tant de beauté me donne envie de pleurer.
Christian Pisano
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